Paul Galliano /
Une opération de sauvetage des fonds marins a lieu ce matin à Cannes. 12 plongeurs sont mobilisés pour récupérer un grand filet de pêche abandonné, sans doute accidentellement. Il menace la faune et la flore locale.
MER Un filet de pêche de 2 000 m2 abandonné au tombant de la Vierge, à Rauba Capeu, vient d’être évacué mais il en resterait au moins trois autres sur le littoral de Nice
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L’association Depth’s Guards a mobilisé deux bateaux et douze plongeurs ce samedi au pied de la colline du Château de Nice — Depth’s Guards
Au pied de la colline du Château de Nice, quelques mètres sous la surface de l’eau, une statuette de la Vierge Marie bien connue des plongeurs. Le site n’est pourtant pas immaculé. Un filet de pêche de 400 m de long gît le long du tombant, entre 8 et 50 m de profondeur.
Perdu ou abandonné par un pêcheur professionnel, il continue de piéger inutilement les poissons. Alors, il y a quelques jours, 12 plongeurs bénévoles de l’association Depth’s Guards se sont jetés à l’eau. Et ils y sont restés des heures pour découper et évacuer jusqu’à la surface ce déchet mortel.
« C’est un site que nous avions déjà nettoyé il y a un an, et début août nous avons découvert qu’il y avait de nouveau un filet abandonné » observe Manuel Dietrich, le directeur de l’association.
« Deux équipes de plongeurs sont descendues à plus de 45 m pour décrocher le filet. A cette profondeur, on ne peut rester que 30 minutes puis effectuer des paliers de décompression et rester ensuite quatre heures au repos à la surface. Ça nous a pris toute la journée pour enlever 2 000 m2, et nous devrons y retourner pour retirer un dernier morceau ».
La plus grande partie du filet a pu être remontée à la surface – Depth’s Guards
Encore accroché au filet, les « gardiens des profondeurs » ont découvert le fanion distinctif du propriétaire. « Un pêcheur qui perd son filet a l’obligation de le signaler à sa prud’homie, ce qui n’a manifestement pas été le cas », déplore Manuel Dietrich. Alors, ce militant a contacté la Direction départementale des territoires et de la mer dans l’espoir qu’elle retrouve et rappelle à l’ordre le fautif.
« Ce n’est pas un cas isolé. Il y a au moins trois autres filets fantômes sur les côtes de Nice : un d’une centaine de mètres au cap de Nice dans lequel nous avons trouvé et libéré un jeune mérou, un autre au tombant de Maeterlinck, un à la pointe des Sans-culotte collé contre le tombant, où le mouillage d’engins de pêche est pourtant interdit ! »
« C’est une atteinte grave à la biodiversité », reconnaît Richard Chemla, vice-président de la Métropole Nice Côte d’Azur en charge de la « transition écologique », même si les pertes de filets sont relativement rares et les pêcheurs locaux sérieux. A Nice, il n’y en a qu’un qui a un mauvais comportement ».
La Métropole travaille sur un plan de protection de la biodiversité marine qui pourrait aboutir à la définition de zones de pêche sécurisées et au marquage systématique des filets, pour en identifier les propriétaires en cas de perte ou d’abandon.
C’est un coup de gueule que pousse l’association « Depth’s guards », les gardiens des profondeurs. Contre les filets fantômes, ceux abandonnés ou perdus qu’ils traquent et récupèrent en mer. Samedi, à bord de deux bateaux, ils sont intervenus sur le site de la Vierge, situé au large de Rauba-Capeù.
Toute la journée, aidés par les membres de Mersea, association d’assistance en mer basée à Mandelieu, ils ont plongé et nettoyé les fonds marins de ces filets fantômes. Et ce, à l’endroit même où ils étaient intervenus l’année dernière.
« Lors de cette opération, nous avions récupéré 1 800 m2 de filets fantômes. Un an après, ce sont 2 000 m2 de filets que nous venons de ramener à la surface. C’est comme si on n’avait rien fait, que l’on n’était jamais venu ici », lâche amèrement Manuel Dietrich, directeur de l’association « Depth’s guards ».
À la suite de cette triste découverte, les gardiens des profondeurs réclament aux Affaires maritimes l’ouverture d’une enquête pour retrouver le ou les pêcheur(s) pollueur(s).
Car ces filets abandonnés sont meurtriers. Ils piègent et tuent les poissons pour rien. « En plus ils ratissent les fonds marins en arrachant les anémones et gorgones qui sont des nurseries à poissons, s’alarme Manuel Dietrich. C’est tout l’écosystème sous-marin qui est menacé par cette pollution. »
Si tous les pêcheurs ne font pas exprès de perdre leurs filets (les causes sont nombreuses comme la casse, mauvais arrimage, rupture par une hélice de bateau, acte de malveillance, etc.) d’autres sont moins précautionneux.
« Ces 2 000 m2 de filets fantômes, nous les avons récupérés à la perpendiculaire des tombants, là où se situe l’habitat des mérous » s’agace le directeur des Gardiens des profondeurs. Ce poisson est une espèce protégée et sa pêche interdite. « Toutefois, nuance Manuel Dietrich, les textes autorisent les pêcheurs professionnels à le vendre, s’ils l’ont pris involontairement. »
Autre problème: la perte de filets, que les pêcheurs ont l’obligation de signaler aux prud’homies et qui peut donner lieu à des amendes allant de 500 à 1 500 euros. « Du coup, certains pêcheurs ne signalent pas qu’ils ont perdu leurs filets », se désole Manuel Dietrich qui souhaite un tour de vis législatif pour punir plus sévèrement les pêcheurs pollueurs.
Comme celui ou ceux du site de la Vierge, à Rauba-Capeù. « Pour identifier les pêcheurs, chacun d’eux a un code couleur sur son pavillon. Les 2 000 m2 de filets fantômes que nous avons ramassés arborent un seul et même pavillon: blanc à bandes orange », affirme le directeur des Gardiens des profondeurs.
D’où la demande adressée aux Affaires maritimes d’ouvrir une enquête. « Mercredi 30 septembre, nous avons rendez-vous dans leurs bureaux, sur le port, pour faire le point sur ces filets fantômes du site de la Vierge ».
© Par Michel Bernouin
Le 15 juin 2020 à 16h35
Des heures d’efforts, sous l’eau, pour remonter seulement 10 % d’un énorme filet « fantôme » qui menace la vie sous-marine des îles de Lérins au large de Cannes.
Ce 14 juin, douze plongeurs bénévoles réunis par l’association Depth’s Guards ont réussi à extraire, par 45 mètres de fond, quelques 600 m2 de filet… sur un total de 6 000 m2 !
Ce filet aurait été perdu il y a 6 mois par un pêcheur de Cannes, et découvert quelques semaines plus tard par des plongeurs de l’association Nature Dive. Or il faut agir vite, car un filet abandonné continue à capturer des poissons, et à les tuer inutilement…
Le sortir de l’eau est travail aussi délicat qu’indispensable. « Nous ne l’arrachons pas, nous le coupons soigneusement pour préserver au maximum les éponges et la flore autour », explique Manuel Dietrich, co-fondateur de l’association.
« Nous nous sommes concentrés ce dimanche sur la partie au sud de l’îlot de la Tradelière, mais le filet fait 600 mètres de long, il nous faudra encore plusieurs jours pour le sortir ».
On estime qu’un filet de pêche met 600 ans à se dégrader.
La partie du filet accrochée à un tombant a été évacuée. Restent 5 400 m2, qui reposent sur le fond sableux. Pour le sortir, l’association estime à trois ou quatre le nombre de plongées nécessaires.
Cela représente un coût de 3 000 euros pour louer le matériel. L’association appelle aux dons sur sa page Facebook.
Paul Galliano /
Une opération de sauvetage des fonds marins a lieu ce matin à Cannes. 12 plongeurs sont mobilisés pour récupérer un grand filet de pêche abandonné, sans doute accidentellement. Il menace la faune et la flore locale.
© Par Matthias Galante
Le 27 juin 2019 à 09h42
La chasse aux vieux filets de pêche, souvent laissés en mer après un accrochage sur les fonds rocheux, est ouverte. Depth’s Guards (« gardiens des profondeurs ») organise ce jeudi une opération pour en récupérer deux, d’environ 100 m de long, à Nice (Alpes-Maritimes), et de 50 à 70 m, à Saint-Jean-Cap-Ferrat. Sous l’eau, une délicate manœuvre.
« Ils sont là depuis un an environ. Nous avons déjà éprouvé la technique. On les découpe aux ciseaux autour de tout ce qui est précieux, comme les gorgones, par exemple, puis on les remonte en tronçons sans rien arracher », explique Manuel Dietrich.
Ce plongeur sapeur-pompier niçois, âgé de 46 ans, a créé l’ONG fin 2018, après avoir œuvré au sein de l’association écologiste Sea Shepherd. Il sera entouré d’une dizaine de plongeurs de haut niveau, qui devront, au maximum, rester sous l’eau 45 minutes par descente, à entre 30 et 50 m de profondeur. « On prend des mesures de sécurité maximales. Ça prend le temps que ça prend, dit-il, mais c’est la seule manière de travailler. »
La jeune structure, qui veut se spécialiser dans la lutte contre cette pollution très importante, étouffant les zones coralligènes, autofinance l’opération baptisée Seabed Rescue (« sauvetage des fonds marins »). Elle s’appuiera ce jeudi sur des bénévoles, un club de plongée qui prête son bateau et la métropole de Nice « pour recycler les filets remontés ».
L’objectif est d’enchaîner sur tout le littoral méditerranéen. Chacun peut lui signaler par mail ces objets abandonnés (2a2f@depthsguards.org) pour de futurs sauvetages.
Accroupi dans le bateau, Manuel Dietrich devant le butin remonté. Photo D. G.
Par Didier Gayraud
C’est à une belle opération de nettoyage des fonds à des profondeurs allant de 30 à 40 mètres baptisée « Seabed Rescue », que s’est livrée, jeudi, une équipe constituée d’une dizaine de bénévoles expérimentés.
Tous moniteurs d’état ou plongeurs loisirs, ils ont travaillé en collaboration avec la Métropole Nice-Côte-d’Azur et à bord du Corto Maltese, le bateau du club de plongée de Saint-Jean-Cap-Ferrat.
L’opération devait se dérouler dans la baie des Anges au lieu-dit de la Vierge à Rauba-Capeù puis à Saint-Hospice mais l’importance du travail à effectuer à Nice (près de 900 m² de filets accrochés aux rochers à démêler et à remonter), a repoussé l’intervention prévue à Saint-Jean à une date ultérieure.
Comme le précise le cofondateur et directeur exécutif de l’association Manuel Dietrich, « la présence de ces filets est généralement signalée par des personnes qui les découvrent au cours de leur plongée. Cette opération est la première d’une série d’autres qui dureront tout l’été à raison d’environ une tous les quinze jours, selon bien sûr, les signalements qui sont faits à notre association sur le réseau 2A2F Alerte Agression Faune Flore [2a2f@depthsguards.org]. Ces filets fantômes, abandonnés par des pêcheurs qui ont accroché des rochers sont dévastateurs pour le milieu marin. Ils sont destructeurs de posidonie, de corail, de tortues et de poissons qui s’emmêlent dedans et meurent, il est vital que les pouvoirs publics s’impliquent et qu’une prise de conscience se fasse parmi les pêcheurs et les plaisanciers. Les opérations de plongée et de relevage sont prises en charge par l’association et notre objectif est d’intervenir bientôt sur tout le littoral méditerranéen ».